Pour Triumph le vintage est synonyme de maturité. La Bonneville version Scrambler 900 en est la preuve. Ce néo-rétro est un moto qui peut s’adresser aux puristes, comme à ceux qui ne rejettent pas le temps présent. La première moto du fantasme pour un A2 ?
Chez Motoservices, il y a un expert pour tout. Caché dans un recoin de la rédac, il y a même un expert en rien. Un "bleu-bite", un vrai qui n’a encore qu’une feuille volante en guise de permis. BINGO ! La perle rare, l’élu, celui qui possède la compétence que personne ne veut avoir : être un débutant qui n'a jamais rien conduit. Alors comme dans Matrix, c’est lui qui va venir nous offrir la vérité par sa parole pleine de candeur. Un A2 parle aux A2 !
Être Bonneville c’est un héritage lourd à porter. Celui d’une icône. Pour le Scrambler 900, c’est même pire, c’est une icône de la culture pop ! Le Scrambler est associé à tout jamais à la légende de Steve McQueen, le king of cool. À son évocation on s’imagine les clichés sur les Flat-Tracks des années 60, on se projette en train de faire le saut dans la "Grande Evasion" (c’était une TR6, ndlr), ou encore on se voit torse nu, musclé et en sueur au milieu des champs.
Mais être néo-rétro, ce n’est pas simple. Comme les courants artistiques, néo-gothique, néo-classique, néo-romantique et j'en passe, il faut à la fois reprendre les codes établis, tout en les transcendant, pour ne pas en être une pâle copie. Chez Triumph, ils sont passés maîtres dans cet art. Les Anglais ont su préserver le look de la machine, tout en la faisant évoluer pour rester ancré dans le monde moderne. ABS, frein à disques Brembo, antipatinage, ordinateur de bord avec commandes au guidon, poignées chauffantes, Triumph a injecté autant de modernité que possible. Pour que votre nostalgie soit réaliste.
Cuir vintage sur le dos, chèche de baroudeur autour du cou, Persol sur le nez, je monte en selle. Première impression ? Ce scrambler m’a surpris, je ne m’attendais pas à autant de souplesse. Suspensions, boîte de vitesses, moteur. Tout est doux avec le pilote. La prise en main est tellement facile, que cette moto se conduit comme une évidence. Après mon périple en roadster, je comprends mieux l’expression « position détendue » sur une moto. Buste bien droit, guidon bien large (comme Mehdi les aime), les pieds plutôt vers l'avant alors que sur des sportives ou des roadsters, les jambes sont pliées vers l’arrière. Effectivement on se sent bien sur cette Triumph, comme dans un bon fauteuil club en cuir.
Une moto de mec cool. Une moto de fille cool. Cette moto rend cool.
Quand on possède un Scrambler 900, à mon avis, on est quelqu’un qui aime la vie, les choses simples mais surtout les bonnes choses, car on a du goût, un sens artistique plutôt pop et on aime lire des bouquins sur Churchill ou regarder "Bullit".
On se dit que le Scrambler c’est sympa pour la ville, ça permet d’avoir le look, de respecter son côté homme/femme libre et aventurier. On vous dit au feu rouge "c'est vraiment une belle machine, je rêve d'en avoir une" (anecdote authentique, ndla). Mais l’aventurier(-ière) culpabilise, il(elle) se dit qu'il(elle) serait plus heureux(-se) avec cette bécane, dans sa maison de campagne en Normandie (pour les Parisiens), à faire des balades dans les champs.
Car oui pour aimer la vie et le faire en Scrambler, il faut avoir un statut social et un portefeuille de mec cool. Le style ça n’a pas de prix, mais la Triumph en à un. Tant pis, quand on aime, on dépense, surtout pour sa première bécane, celle de la passion. Mais chéri(e), je te dis que je suis Steve McQueen, laisse-moi vider le compte joint !
Be cool, Bobby, Be cool
Pendant ma semaine avec le Scrambler 900, j’avais l’impression d’avoir réussi ma vie, tout en décontraction. Je me sentais l’égal des mecs qui vont au boulot en Stan Smith à 40 ans. Un CSP+ cool qui ne bosse pas à la Défense, mais plutôt à Belleville. Le Parisien insupportable tellement il est "trendy" et "chill" . Attention, la Triumph possède malgré tout son petit caractère, mais il faut tirer un peu dessus, aller chercher dans les tours pour qu'il se transforme en petit Spitfire. Je me suis surpris à retrouver mes réflexes d’ado, époque supermotard 50 cm3, à zigzaguer entre les files. Le Spit’ a virevolté, le moteur a fini par montrer de la vie, l'echappemment a résonné, la moto a vibré. Mais cette Triumph, préfère la conduite décontractée, "chill" comme il faut dire pour être cool. À bas régime, le twin reste souple, il se laisse faire sans bégayer ou semer la panique dans mon utilisation de la boîte de vitesse, il reste doux et garde son calme.
En bon pseudo cadre sup’ parisien cool, j’ai fait ma balade hebdomadaire en Chevreuse, faute d’avoir le temps de partir en week-end dans ma maison en Normandie, à cause de cette maudite réunion avec le service marketing lundi matin 8h (oui j'étais à fond dans mon rôle). Peu importe, sur les routes qui serpentent entre les champs, elle se laisse manier avec plaisir. La moto réagit bien, se montre joueuse mais pas piégeuse, elle freine bien s'en trop en faire et ne se tortille pas dans tous les sens. Facile pour mon niveau de A2, même ses 206kg ne se font pas ressentir. Mais avec ses pneus "mixtes", il faut faire attention au grip. Sur un freinage appuyé, l'ABS est rapidement entré en action pour compenser le manque d'adhérence, alors que le bitume était bon et la vitesse raisonnable. Comme me l'ont expliqué Mehdi et Maya après coup "des pneus faits pour tout, mais vraiment à leur place nulle part".
Pourtant, la nostalgie s’est emparée de moi, c’est agréable et réconfortant le rétro, tant pis s’il faut avoir des rétros fixés avec un double écrou. Ce Scrambler m’a fait oublier mes soucis du quotidien, j’étais dans mon délire néo-rétro. La seule fois où je me suis senti crispé, c’est sur l’autoroute. Je reconnais que rouler au maximum de la vitesse légale, sans bulle, en position bien droite et guidon écarté, ça tire sur les bras. Mais c’est ma faute, j’étais pressé au lieu de prendre le temps des choses. My bad.
J’omets aussi de vous dire, que je me suis souvent brûlé la jambe sur l’échappement. Encore une fois, c’est de ma faute. Est-ce que Steve McQueen se brûle la jambe sur son échappement ? Non ! Fais un effort Julien !
Machine à remonter dans le temps
Tiens en parlant du grand Steve, lui il roule en mode off road tout le temps. Celui qui déconnecte l’ABS et l’antipatinage. À l’ancienne. Si ce n'est pas un vrai " tout-terrain " ce Scrambler, ce mode est très sympa pour vous laisser jouer dans la terre, tenter de soulever de la poussière comme je l’ai (presque) fait. Mais vous serez aussi content de la présence de ces accessoires de la modernité au quotidien, dans les embouteillages, sous la pluie, dans le froid ou fatigué. Ils feront de cette moto, un moyen de transport du XXIe siècle. C’est le côté réaliste de la Triumph et du mec cool. Pour rester cool, il faut se mettre dans les bonnes conditions. Pas bête.
Finalement, c’est un moto qui continue de faire vivre son héritage, et reste d’actualité. J'en tire une conclusion de bleu-b. sur la mouvance néo-retro : certes rien ne vaut l’original. Certes, c’était mieux avant, mais n’empêche on le fait mieux aujourd’hui.
Et puis, quand j’ai rendu le scrambler, ça m’a fait bizarre, j’ai trouvé la vie compliquée, grise. Je me suis remis à râler, et à être de mauvais poil. Le mythe s'est écroulé, Steve McQueen est mort, je ne suis pas Steve McQueen ! Et maintenant je n’ose même plus passer le périphérique…
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Et voici mon parcours de bleu-b*te :
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