Cette semaine, j'ai essayé une Honda CL 350 Scrambler de 1973. Je vous explique pourquoi cette moto est importante
On dit merci à qui ? Non pas à Jackie et Michel, mais à Steve McQueen ! C'est en partie (mais pas que) grâce à lui que la mode du scrambler devient le truc hyper branché de la Côte Ouest américaine en ce milieu des années 1960. Peace and love, les grands espace, l'appel de la pampa, la nature était un lieu qu'il faisait bon découvrir. La moto est à la mode, la moto qui permet de gambader dans la pampa l'est encore plus. Les constructeurs anglais, bien implantés aux USA, s'y mettent. Les japonais, qui sont alors en pleine stratégie de conquête des USA, s'y mettent aussi. Certains ne se dégonflent pas et collent un guidon renforcée et des échappements hauts sur des deux-temps caractériels (Kawasaki 350 Avenger, par exemple). Honda, chantre du 4-temps depuis longtemps, dispose de bases plus appropriées : et c'est ainsi que la CL 350 Scrambler est peut-être l'incarnation la plus réussie du genre ! Et pas seulement parce qu'elle a remporté la Baja Mexicana en 1968 ou parce qu'elle fut un énorme succès commercial : en réunissant les CB 350 et SL 350 avec cette CL, ce sont 626000 Honda 350 qui ont été vendues aux USA. Mais aussi parce que cette chouette petite moto se savoure comme un bonbon acidulé : que les cinéphiles aillent retrouver cette suave CL 350 dans le film Vanishing Point (Point limite zéro), chevauchée par une amazone presque nue. Presque ? Oui, elle porte des sandalettes, la morale est sauve !
Honda CL 350 Scrambler : sa vie, son oeuvre
La CL 350 Scrambler a été produite de 1968 à 1973, et a été principalement vendue aux USA, au Canada et sur certains marchés anglo-saxons tels que l'Australie. Sa base technique est celle de la CB 350 Twin, que l'on a par contre eu chez nous. Il y a deux générations principales de CL 350 : les modèles 1968 (K0) et 1969 (K1) disposent d'une double sortie d'échappement un peu curieuse, sous la forme d'une espèce de grosse marmite noire entourée d'une grille de protection. A partir de 1970, cela fait place à un élément chromé. Sinon, on reconnait les millésimes 68 par leurs tubes de fourche noir (sur la partie haute), alors qu'ils adoptent la couleur de la carrosserie en 1969, ainsi qu'un feu arrière carré et une selle rivetée qui s'ouvre vers l'avant. A partir de 1970, la selle s'ouvre latéralement. En 1972, le cuvelage du phare est noir, en 1973, le tableau de bord est un peu plus incliné sur l'avant et une poignée de maintien chromée fait son apparition. Le modèle évolue en CL 360 (356 cm3) en 1974 : produite pendant deux ans, plus lourde et ne développant que 2 ch de plus, elle aura un succès assez mitigé.
Honda CL 350 Scrambler : trois choses qui m'ont fait kiffer
Elle est toute mignonne et quand on la voit, on n'a qu'une envie : se barrer à la campagne, sur les petites routes, une marguerite coincée sur le haut de l'oreille ! Voici trois choses qui m'ont fait kiffer sur cette petite Honda :
- Déjà, ce n'est pas une légende : la qualité de construction Honda, c'est quand même quelque chose. Commandes douces et bien calibrées, châssis neutre et équilibré, on se sent tout de suite bien sur cette petite moto. Les compteurs à fond vert délicieusement patinés mettent dans l'ambiance. Le contacteur à clé dispose d'un cache, pour la pluie : stylé !
- Le petit bicylindre calé à 180° part au premier coup de démarreur. Sa sonorité est ronde, pleine, profonde, un peu ronflante. Agréable, on a même l'impression qu'il s'agit d'une plus grosse cylindrée.
- Malgré la faible puissance, c'est le bonheur sur le réseau secondaire. La CL 350 était donnée pour 160 chrono et envoie le 400 mètres DA en 14,3 secondes : en fait, elle ne se traine pas. A l'époque, c'est aussi performant qu'un twin 650 anglais, la fiabilité en plus. Du coup, en balade, entre le poids réduit, le châssis compact, et le moteur qui, à défaut d'être vraiment coupleux, est tout de même volontaire quand on enroule, c'est simple, on a la banane. Sauf en cas de freinage d'urgence...
Une Honda CL 350 Scrambler aujourd'hui : combien, comment ?
La base technique est celle du CB 350, nettement plus solide que la CB 450 (avec son double arbre, qui défrayait la chronique à son apparition). Comme la moto a 50 ans, il faut toutefois vérifier l'état de la carburation, des fumées éventuelles s'échappant du moteur. Les arbres à cames peuvent s'user avec le temps. Attention aussi aux roulements de fourche et de bras oscillant. Quelques pièces mécaniques sont encore disponibles (sur internet), d'autres (pistons, joints) ont été refabriquées ou se trouvent en adaptable ; ce sera plus difficile pour les éléments d'habillage. L'offre est assez rare en France, la moto n'ayant jamais été importée officiellement. Attention donc aux papiers (à moins que ce ne soient ceux d'une CB 350 !). La fourchette pour un bel exemplaire se situe entre 4500 et 6000 €
Quelques chiffres clé :
- 2 cylindres en ligne, 4-temps, 325 cm3, 65 x 50,6 mm
- 2 carburateurs Keihin, 32 mm
- 33 ch à 9500 tr/mn
- 26 Nm à 8000 tr/mn
- 156 kilos à sec
- 160 km/h chrono