Arrivée quasiment en dernière de toute la généalogie des trois cylindres 2 temps qui ont forgé la réputation sulfureuse de Kawasaki, la 400 est sans doute la plus homogène et la plus équilibrée de toute la famille .
En 1976, la KH termine une longue évolution débutée en 1971 avec la 350 S2. Cette ligne de motos a inventé une catégorie de moyennes cylindrées ultra performantes, sportives, racées, à l’image assimilable à celle des gros cubes de la gamme, et avec des tarifs abordables.
Mais surtout, elles vont se révéler extrèmement sportives avec un rapport poids puissance et agilité – facilité déconcertants !
La 350 S2 et les 400 ( S3 et KH ) seront les armes de la plus grande époque de la célèbre Coupe Kawa et feront découvrir Patrick Pons, Christian Sarron, Eric Saul, Thierry Espié, Marc Fontan, etc …qui deviendront tous rapidement stars des Grand Prix. La 400 fera les belles heures de la coupe durant 6 ans ( 74 à 78 ) et ne sera détronée en Critérium et Promos 500 que par la 350 RDLC en 1980 !
Un niveau de sportivité exceptionnel
Née en 350 , le 3 cylindres intermédiaire de la gamme passe en 400 ( alésage plus important ) et offre un comportement certes légèrement moins puissant ( 45 pour la 350 puis 42 et 38 pour la S3 et la KH ) mais bien plus disponible.
Les lois anti pollution ( surtout lors du passage de la S3 à la KH en 76 ) mais aussi l’évolution de la philosophie de la marque ont finalement amené plus de docilité. Les 3 cylindres Kawa ont installé leur réputation avec la 500 H1, la 750 H2 ( lire l’essai ) et la 350 S2 toutes caractérielles.
Au fur et à mesure des années, les machines ont été adoucies. Pour certains c’est dommageable, pour d’autres, c’est aujourd’hui une agréable surprise notamment au guidon de cette KH de 76 !
L’autre évolution notable est côté partie cycle avec l’arrivée du frein avant à disque ( apparu la première fois sur l’éphémère 350 S2A reconnaissable à sa livrée bleue )
Un gros plus à l’usage pour des machines capables de rouler très vite . Mais le chassis aussi évolue : renforcé, il accueille un bras oscillant plus long…et là encore la différence sera sensible !
Reprenant la ligne générale de la famille, la 400 arbore les signes distinctifs connus dont la célèbre dissymétrie : 2 échappements à droite et un à gauche et le petit dosseret à l’esprit racing ( que tous les autres constructeurs vont copier peu à peu )
Si facile !
Après avoir actionné le staerter au pouce gauche ( sous le commodo ), démarrons la KH avec un kick léger à manipuler . Non que la manœuvre soit celle d’un 125, mais le faible taux de compression et la faible cylindrée unitaire facilite la chose. Avec le nouvel allumage électronique dont elle bénéficie, la KH craque facilement …..en fumant et avec des résonances diverses en provenance de son bloc cylindres à ailettes …bienvenue chez les 3 cylindres Kawa !
Petite machine, fine, au guidon bien placé, la KH offre une position basculée sur l’avant.
Commandes souples, chaque coup d’accélérateur est ponctué d’une vive montée en régime relativement ferrailleuse à l’oreille . Le nouveau montage du moteur sur silent bloc épargne des vibrations ! Seules les fumées s’échappant des pots ( surtout en provenance du cylindre central ) vous feront un peu hésiter à la faire chauffer sur place devant le garage ….
L'embrayage se manie d’un doigt et il est absolument inutile de le faire cirer tant le 3 pattes est disponible. Souple, il apporte une réponse immédiate dès le filet de gaz
Sous 4000 tours , on parle de docilité, après 6000 on commence à parler de puissance, la transition entre les 2 univers s’effectue sans aucun temps mort. Ce moteur est très disponible et avec sa régularité de fonctionnement il permet de réaccélérer très tôt sur l’angle !
Comme la boite est parfaitement étagée, avec une sélection précise, le rythme de la 400 devient naturellement élevé, le tout au son des 3 échappements qui finissent par hurler à vos oreilles. Ah la voix des 3 cylindres …..lorsqu’on le taquine vers les 8000 tours !
Surtout ……..que le chassis est résolument efficace ! Presque une machine moderne avec un train avant extrèmement directeur qui se démarque de TOUTE la production des années 70 et qui ne « tombe » pas à l’intérieur comme nombre de ses contemporaines ! Quel plaisir !
En rallongeant son bras oscillant, Kawasaki a offert à la 400 une répartition des masses chargeant l’avant ce qui lui donne un comportement incisif ! Les gaillards de la coupe Kawa en ont largement démontré les bienfaits, et vous le découvrirez très vite aussi !
Ce chassis presque surdimmensionné pour la puissance, ne demande pas l’emploi de l’amortisseur de direction , même si ca fait plus « frime » de le mettre !! En tout cas, le seul défaut ( et c’est une illustration de son excellence ) est la garde au sol, et les pots vont régulièrement frotter, surtout du coté droit ou ils sont 2 . Regardez, notre moto d’essai n’y échappe pas ! Seule solution, chauffer et remonter les pots comme pour la coupe Kawa, mais, c’est pas d’origine !
La meilleure ?
Pour beaucoup cet équilibre moteur – chassis, avec l’aide d’un freinage puissant et dosable donne à la 400 le titre de meilleure sportive des années 70 ! On est pas loin de cet avis au bout de quelques kilomètres tant la petite Kawa est utilisable, joueuse et efficace !
Le point remarquable est que l’évolution de la gamme Kawa vers plus de facilité a , avec le recul, permis de couvrir des utilisations plus faciles à l’avantage de l’exploitation des performances. Moins pointus les moteurs sont devenus également plus fiables, et les avancées des parties cycle ont permis de mieux profiter des mécaniques ! A l’opposé de nombres de machines de ces années, on pilote la 400 sans réfléchir à « éviter » un défaut d’époque comme un moteur creux, brutal, un chassis ondulant ou des freins faiblards. On pilote un engin super efficace, point !
Moins explosive, moins caractérielle, toujours extrèmement jolie, très bien équipée, elle séduira les sportifs, les rouleurs, les motards du quotidien ! Et les collectionneurs quelques années plus tard !
En version 400 , elle sera vendue à plus de 46 000 exemplaires ( KH et S3 confondues) !
Une dernière anecdote ? Elle a longtemps détenue la vitesse de passage en courbe la plus élevée dans le virage de Signes au Paul Ricard….avec Jean Pierre Merlin à son guidon..un rien magique on vous dit !!!
- Equilibre général
- Qualité chassis
- Souplesse moteur
- Moins mythique que le 500 et la 750
- Moteur moins puissant ( KH )