Avec un passé quasi centenaire, Triumph est une marque dont le patrimoine recèle tous les types de motos possibles ! Nul doute qu’avec sa gamme de twin classic, la marque Anglaise peut aisément ressortir des modèles à la forte identité comme cette Scrambler.
Depuis toujours associée à sa légendaire Bonneville, la marque joue aujourd'hui encore la carte de la nostalgie. Forte de trois modèles développés depuis 2001 (Bonneville, T100 et Thruxton), la gamme s’est enrichie ensuite d'une quatrième perle rare sous les traits de cette Scrambler 900.
Historiquement les Scramblers sont nés aux USA du souhait des utilisateurs d’aller voir plus loin comment était le paysage. Pour cela, les machines de route étaient équipées de pots relevés, de guidons hauts et de pneus à crampons histoire de pouvoir arpenter des chemins de terre. On en est alors aux prémices du tout terrain, et le vaste continent US va faire naître une forme de nouvelle évasion, bientôt reprise par les constructeurs dans leurs catalogues. Triumph, va répondre à la demande, les USA étant son premier marché, et plein de modèles scramblers vont fleurir chez les Japonais (voir notre article sur les Scramblers).
Sans révolutionner le concept des Triumph Classics, il se dégage un doux parfum d’authenticité de cette Scrambler, sur une base de motorisation et de partie cycle proches de celle de ses trois soeurs
Les habitués ne seront pas surpris car le Scrambler conserve le bicylindre en ligne à refroidissement mixte air/huile. Seul le calage du cycle moteur est modifié dans la même configuration que celle du cruiser Speedmaster (865 cm3, calé à 270°).
Les équipements spécifiques suffisent à lui donner une personnalité propre.
Notre modèle tire son originalité de ses pneus crantés, de sa selle plate et de sa ligne d'échappement haute à double silencieux chromés du plus bel effet. On comprend là que les échappements sont un réel élément esthétique de chaque machine !
Elle arbore aussi un large guidon typique du genre et quelques détails comme le pare-carter en alu, ou le contacteur placé sur le côté du phare. L'instrumentation joue habilement le trompe-l’œil avec un look oldies, mais quatre voyants à leds incrustés dans le fond des compteurs, vous la jouent bien moderne pour l’essentiel ! Les clignos et le feu arrière ont également la forme des Triumph d’époque !
En détaillant le bloc moteur noir et alu, on distingue l’injection très astucieusement masquée par deux faux carbus pour respecter le look de l’époque ! Une prouesse esthétique !
Enfin, avec une silhouette parsemée de chromes, et le coloris presque mat souligné par les deux échappements latéraux, notre version a une bien bonne gueule !
Fine, basse, attachante
Le Scrambler est une petite moto fine et basse dont la prise en mains semble évidente. Pourtant, le grand guidon et le long réservoir vous rappellent au passé. Buste droit, bras très écartés, pieds à l’aplomb, la position est sénatoriale. ! La ligne d’échappement latérale vous oblige à décaler un peu votre jambe à l’arrêt, mais les protections thermiques semblent parfaitement bien placées pour éviter toute brûlure .
Dès le démarrage, l'Anglaise dévoile un moteur docile. Le bruit est feutré. Le Scrambler est une machine de balade, et sa souplesse et son élasticité vous font totalement oublier la puissance brute. La philosophie « friendly » de ce type de machine est parfaitement respectée. On profite de l’évidente facilité de conduite pour oublier le pilotage, et les déplacements ne se font qu’en fonction d’où se porte votre regard !
Une invitation permanente à la décontraction. Aucun stress ne viendra de votre conduite, dans la circulation actuelle, c'est presqu'un luxe !
Rares sont les machines qui privilégient ainsi le plaisir sans la recherche de la performance ! Le couple est atteint à 5000 tours et la puissance maxi à 7000, le tout distillé par une injection parfaite sans à coups, ni hésitation.
Aucune vibration, un son saccadé de twin discret, une boîte précise, on a le choix entre l’usage du couple autour des 4000 tours ou l’allonge en prenant un bon 7000. En fait, le Scrambler se plie volontiers à toutes vos attentes. Y compris rester sur le 5ème rapport et repartir du régime de ralenti ! Sans s’en rendre compte, le moteur fait mieux que les 55 chevaux annoncés, il apporte bien plus encore : être à votre disposition tout le temps sans temps mort, ni caprice !
Moralité, avec cette grande facilité de comportement ,le Scrambler est aussi à l’aise en ville que sur départementale ou nationale. Cette docilité générale vous permet, contre toute attente (vu le peu de modifs), de s’échapper sur les chemins de terre !
Pilotée debout, la 900 s’avère une très bonne machine de découverte ! Son moteur doux et dosable et ses pneus au profil trail vous permettront d’en faire bien plus que ce que vous ne l’imaginiez, croyez-nous ! Le freinage n’est pas brutal, et les suspensions, si elles ne sont pas celles d’une machine d’enduro (on s’en serait douté) facilitent les évolutions sur les chemins.
Une douce et attachante compagne
L’utilisation routière du châssis est également une très bonne surprise. Evidemment, en dérivant si étroitement de la Bonneville, il eut été étonnant de découvrir une machine ratée ! La tenue de route est bonne si on ne brusque pas la machine, il faut enrouler, d’autant que les pneus à crampons sont peu à l’aise si le pilotage est trop heurté. Le constat est identique pour le freinage. Le mordant est feutré, mais la puissance est au rendez-vous avec un disque avant de 310 mm. A l’arrière, le petit disque demande un peu de doigté car il peut bloquer facilement.
Avec la bonne méthode et de jolies trajectoires bien arrondies, la Triumph prend un très bon rythme. Seule la selle retransmet trop les irrégularités de la route à la longue, mais c’est une des modifications majeures de la version 2014, signe que Triumph a bien entendu ses utilisateurs !
La fourche de 41 mm n’est pas réglable mais, comme elle remplit son office, personne ne s’en plaindra. Le double amortisseur chromé respecte l’esprit d’époque : un peu ferme, avec peu de retenue hydraulique, mais pas d’inconfort.
On roule encore et encore, sans noter de défaut, juste la complicité d’un engin qui vous porte où le regard se pose, sans aucune forme de caprice ! L’alliée de choix pour le dépaysement, fine, légère, docile et efficace.
Le charme de la Scrambler est assez caché pour qui veut juger vite une machine sur un essai de 5 minutes. Si vous pensez qu’une néo rétro doit reproduire tous les défauts du passé, caractère brut et inconfort d’utilisation, vous serez surpris, la 900 Anglaise a intégré tous les bons côtés de la modernité pour mieux vous accompagner. Seuls son feeling, son style renvoient aux années 60. Le reste se fait totalement oublier et la séduction opère !
A notre époque d’interdictions en tout genre et de radars automatiques, on finit par se rendre compte, au bout de quelques kilomètres à son guidon, que la Scrambler est notre meilleure alliée contemporaine ! Elle laisse la place aux sensations de conduite et de liberté de la moto et se fout de vous faire croire que vous êtes un pilote de course. C’est une leçon de savoir-vivre en quelque sorte !
A l’issue d’une journée passée au guidon de cette machine méconnue, la Scrambler se révèle être la plus intéressante de la gamme Classic par l’étendue de ses capacités ! Jolie découverte ! Le plaisir, vous connaissez ? Meme sans vous prendre pour Steve Mc Queen !