Comme cela a été le cas pour la MT-07 avec la XSR 700, la Yamaha MT-09 elle aussi est passée à la moulinette Faster Sons pour coller au mieux avec la philosophie en vogue, la moto vintage, lookée, de caractère. Nous nous sommes rendus aux Canaries, "l’Archipel du printemps éternel", pour être sûrs de ne rien rater de ce que la XSR 900 peut offrir
Pour bien nous mettre dans l’esprit de la XSR900, Yamaha nous a réservé un bon accueil : une initiation au Flat Track menée de main de maitre par Marco Belli, champion italien tout en pédagogie souriante, au guidon d’une SR400 préparée. Si vous pensez que faire dériver une moto façon Supermotard sur une piste en terre n’est pas chose facile, vous êtes loin de la vérité, c’est extrêmement compliqué. Mais qu’est que c’est fun ! Et c’est très exactement ce à quoi voulait nous amener la marque au trois diapasons : avoir la banane car c’est finalement ça qui symbolise le mieux la XSR900 selon Yamaha. C’est une moto plaisir et pas seulement parce qu’elle reprend pratiquement tout de la MT-09.
La MT-09 s’efface
Il faut reconnaitre une chose à Yamaha, c’est sa capacité à faire oublier la MT-09 à qui pose son regard sur la XSR900. Si la partie basse de la moto respire toujours la modernité avec son 3 cylindres compact de 847 cm3, 115ch et 227 Nm de couple, son cadre en aluminum coulé sous pression, sa fourche inversée de 41 mm de diamètre et son freinage qui pourrait s’appeler Stoppie tellement il respire la puissance - Avec un disque de mm et un étrier deux pistons à l’arrière et deux disques de 298 mm pincés par des étriers radiaux à 4 pistons à l’avant, elle a tout d’une sportive - la partie haute de la moto, c’est un autre histoire. On est très clairement dans l’hommage : éclairage avant et arrière rond, sortie de pot ronde, compteur rond très lisible, tout cela est très vintage. Pour le côté “préparé“ façon Faster Sons, on notera la présence d’éléments en métal forgé disséminés sur la moto : sous la selle, sur le radiateur, le phare ou entre la fourche et le garde boue avant et une présence importante de noir mat : sur le guidon, le pot, le bras oscillant…
Une ergonomie repensée
La question qu’on est finalement en droit de se poser c’est de savoir si la XSR900 n’est qu’une MT-09 maquillée à l’ancienne, ou bien une vraie Sport Heritage ? Entendez par là une moto dotée d’un caractère “à l’ancienne“. Ce que l’on peut en dire au terme de cet essai, c’est que beaucoup d’éléments concourent à lui donner une identité bien à elle en dehors du design, à commencer par la position de conduite. La selle est très différente : c’est plus large, plus moelleux. C’est aussi plus haut et plus reculé car le réservoir plus plus long. En revanche, le guidon est identique à la MT. Résultat : on est plus en avant que sur la MT-09 et les jambes sont un peu moins repliées.
Et puis on ne sait pas si c’est le travail sur la cartographie des modes de conduite ou si c’est le fait d’avoir retravaillé l’embrayage assisté ou les deux, mais on a la sensation que la XSR900 est plus coupleuse jusqu’à mi-régime que la MT-09. Alors que sur le papier elle perd 1,5 Nm de couple. Il culmine à 87.5 Nm à 8500 tr.mn sur la XSR.
Des sensations bien présentes
C’est toujours un plaisir de prendre le guidon d’une moto équipée de ce bouillonnant 3 cylindres. La cartographie a été adaptée au style Sport Heritage de la XSR 900. Il y a toujours 3 modes disponibles : Standard, A pour velu et B pour plus cool mais on sent que les motoristes Yamaha se sont attachés à la rendre globalement plus ronde. Sans pour autant calmer les ardeurs des 115 ch, rassurez-vous ! Ce moteur est une vraie réussite et je peux vous dire que son passage à Euro4 ne l’a pas assagit du tout. Pour le reste, la partie cycle est pratiquement identique. La suspension est plus ferme que sur la MT-09, mais qui s’en plaindrait. Le combiné réglable en précontrainte et en détente filtre parfaitement les irrégularités de la route malmener les lombaires. Et puis, comme sur la MT-09 Tracer, la XSR900 profite d’un Traction Control TCS totalement déconnectable très efficace : permissif en mode 1 et nettement plus sensible en mode 2. Mais tout cela semble bien accessoire au regard des sensations qu’elle distille au fil des kilomètres.
Il se passe quelque chose sur cette moto. Une fois qu’on calme les ardeurs du 3 cylindres et qu’on a pris la mesure de la puissance dantesque du frein avant, on commence à enrouler… Et là, c’est du bonheur. La sonorité à l’échappement n’y est pas pour rien mais il se dégage quelque chose de très positif de cette XSR 900. Elle mériterait juste un train avant plus lourd. Ca flotte légèrement en sortie de courbe ou sur de grosses accélérations. Mais bon, elle est tellement sympa qu’on lui pardonne.
Les hipsters n’ont qu’à bien se tenir
On avait quelques a priori. Je pensais que c’était le type de moto qu’on allait essentiellement croiser exposée devant une terrasse de café, un accessoire de mode pour hipster mais non, l’appel de la route pourrait être le plus fort et faire naitre des envies de grande évasion. Une chose est sûre, Yamaha fait tout ce qu’il faut pour satisfaire tous les public. Un catalogue d’accessoire important est disponible pour customiser la XSR 900. Elle pourra à loisir devenir sportive, café racer ou plus touring pour ceux qui rêvent de longues routes qui serpentent dans de grands espaces vierges. Reste à savoir si les 1200 € (+300 € pour la 60th Anniversary King Kenny) qu’elle réclame par rapport à la MT-09 sont justifiés ?