Des fois, on a du mal à comprendre : alors que la mode est aux motos néo-vintage, Kawasaki retirait de sa gamme la W 800 il y a trois ans, et ne semblait pas faire preuve de volontés de revenir sur ce créneau, par ailleurs bien occupé par moult modèles de chez Triumph, par sept déclinaisons de la Moto Guzzi V7, par le retour de Royal Enfield, par une tentative de Yamaha avec sa XSR 700 Xtribute. Bref, Kawasaki ne pouvait pas laisser sa part du gâteau et a mis à jour sa W 800 pour qu'elle passe les normes Euro 4. Louons donc son retour, car de son temps, cette machine nous avait laissé de bons et beaux souvenirs.
Kawasaki W 800 Street : présentation
Même si on pense la connaître, il y a une nouveauté : la W 800 2019 existe dans deux versions. Une Street, celle de notre modèle d'essai, avec un large guidon et une position de conduite relax ; il y aussi la version Café, qui célèbre les fameux café racer d'antan. On la reconnait à son petit tête de fourche et à son guidon qui impose une position de conduite plus basculée vers l'avant. Pour le reste, la W 800 reste fidèle à elle-même (on rappellera d'ailleurs que la première grosse moto japonaise à moteur 4-temps fut la Kawasaki W1 650 de 1965, que l'on peut à juste titre considérer comme son ancêtre). Les lignes sont classiques, rondouillardes, parfaitement rétro. Le moteur célèbre une architecture mythique : le vertical twin, figure tutélaire de la Motocyclette Britannique des années 60, et celui de la Kawasaki en impose avec son couple conique sur le côté droit ! La W 800 Street 2019 s'offre une livrée plus "dark" que par le passé, où les chromes, peintures profondes et beaux traitements de surface étaient plus abondants. De fait, on pourra trouver que son tarif, supérieur à 10 000 € et supérieur à celui de toutes ses concurrentes, est un brin prétentieux au regard du package proposé.
Kawasaki W 800 Street : technique
Et ce d'autant que si Kawasaki prétend que "90 % des pièces ont été changées", la réalité des modifications techniques est assez faible : les normes imposent l'ABS, donc le frein arrière à tambour laisse place à un disque. La fourche est nouvelle (son diamètre est passé de 39 à 41 mm) et le cadre aurait été retravaillé. Dans ses grandes lignes, la W 800 est une machine assez basique dans sa conception mais ne dit-on pas que les recettes les plus simples sont les plus savoureuses ? Entre le moteur refroidi par air, les pneus aux dimensions étroites, le tableau de bord relativement minimaliste, l'absence d'assistances électroniques (inutiles sur une moto de 47 chevaux, mais Triumph et Moto Guzzi en proposent sur leurs modèles), la W 800 reste essentielle et c'est pour ça qu'on l'apprécie.
Kawasaki W 800 Street : comportement
Le nouveau grand guidon change complètement la perception que l'on pouvait avoir de cette machine, avec une position de conduite plus droite, et de fait une moindre capacité à pouvoir supporter longtemps les grands trajets rectilignes à vitesse "élevée", d'autant que le confort de la selle n'a rien d'extraordinaire. De fait, la W 800 s'épanouit au quotidien et sur route départementale, où l'agilité de vélo fait des merveilles. Si les suspensions sont assez basiques dans leur fonctionnement, on prend du plaisir à se balader au guidon de cette machine, car les sensations qu'elle délivre sont proches de celles d'une moto ancienne. On oublie donc toute notion de performance pour se concentrer sur la balade et sur l'intensité du moment présent. Et ce, d'autant que le moteur délivre une sonorité pleine et profonde, et un joli couple dès les plus bas régimes. Ce bicylindre, à tous égards, est parfaitement en phase avec la philosophie de la moto !