Alors que Honda remet à jour sa gamme CB 500, avec une version naked, un trail et une « sportive », il est temps de revenir aux racines de cette machine avec la CB 500 bicylindre de 1993. Même s’il faut reconnaître, une fois n’est pas coutume, que l’ancienne était peut-être bien mieux que la nouvelle…
Elle a fait une excellente moto de coursier et on en a beaucoup vu dans les moto-écoles. Néanmoins, cantonner la CB 500 à ces deux usages serait aussi réducteur qu’injuste. Car si une machine a bien réussi le grand écart conceptuel, c’est elle. Docile et facile, c’est ce qu’on lui demandait, fiable, en bonne Honda, elle fut aussi - et à la grande différence de ses rivales d’alors, les Kawasaki ER-5 et Suzuki GS 500 -, performante et amusante à conduire, et elle a même eu droit à sa formule de promotion (la CB 500 Cup) qui a vu passer de futurs champions du monde tels Sébastien Charpentier.
Pari gagnant
La CB 500 est présentée sur les salons de l’automne 1993 et débute sa carrière commerciale en 1994. Elle succède à la CBS 450, qui avait eu une carrière en demi-teinte (il y avait encore un permis « 400 » au milieu des années 80, et elle dépassait la limite de cylindrée, tandis que les origines de son moteur refroidi par air remontaient aux années 70. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que Honda nous joue cette partition : les plus érudits d’entre nous se souviennent de la CB 500 Twin (1975-1976), qui avait succédé à la fameuse CB 450 de 1965, qui avait elle-même impressionné par ses performances (160 km/h) et sa technologie (double arbre à cames en tête). La 500 Twin de 1975, elle, a laissé des souvenirs plutôt fades.
La CB 500 (type PC 32) de 1994, elle, a fait forte impression. Par rapport à ses rivales plutôt mièvres, elle offre en effet un bon niveau de performances avec ses 58 chevaux (et 4,7 m/kg de couple), 180 km/h chrono et le 400 mètres départ arrêté couvert en 13,2 secondes.
Au-delà de ces chiffres bruts, la CB 500 épatait surtout par son degré de polyvalence rarement atteint : facile, docile, presque confortable, simple à entretenir (même soi-même, avec un jeu aux soupapes à contrôler tous les 48 000 kilomètres, mais qui tenait plus en réalité), elle était aussi fun à conduire grâce à un châssis sain et une bonne garde au sol en courbe, un moteur pétillant entre 8 et 10500 tr/mn. La CB 500 n’a pas fait que réjouir les auto-écoles (sa prise en mains était évidente, avec un gabarit relativement contenu, une position de conduite naturelle, une selle perchée à 775 mm et un poids de 173 kilos à sec) et les coursiers : les motards exigeants ont su prendre du plaisir à son guidon, ce qui était difficile avec une Suzuki GS 500, par exemple.
Increvable
Lors de la présentation de la moto, les ingénieurs de Honda expliquent que le moteur de la CB 500 est conçu pour encaisser facilement 300 000 kilomètres. Nos confrères de Moto Revue les prennent au mot et abattront 330 000 kilomètres avec une CB 500 qui aura tout connu dans sa vie : du quotidien, des trajets de coursiers, une course d’endurance, un trajet vers Dakar, un tour d’Europe et bien d’autres choses encore.
Est-ce que la nouvelle CB 500 laissera autant de traces dans la mémoire collective des motards ? Pas si sûr. Certes, elle possède désormais un joli petit tableau de bord numérique (la CB 500 de 1994 avait deux compteurs ronds, pas de jauge à essence, mais une température d’eau), mais son moteur est désormais conforme au permis A2 et de fait, il est non seulement moins puissant (44 chevaux et 4,4 m/kg) mais il est assez dénué de caractère et son comportement routier est plus dans la norme, sans surprise…
Une carrière avec peu d’évolutions
Produite de 1993 à 2003 (les normes de pollution Euro 2 auront sa peau), la CB 500 n’a pas connu d’évolution marquante durant sa carrière. Produite au Japon à partir de fin 1993, elle verra sa fabrication transférée dans les usines de Honda Italie à partir de 1996. L’année suivante, elle récupère un disque à l’arrière et se retrouve entièrement équipée d’étriers Brembo (la correction de l'un des défauts des premiers millésimes, qui avait un frein à tambour à l’arrière et un étrier Nissin moins performant à l’avant). En 1998, une version S fait son apparition avec un demi-carénage, pas forcément très gracieux, tandis que la fameuse coupe de promotion CB 500 Cup est lancée. De 2000 à 2003, il n’y a pas de changements. Alors, combien d’entre-nous ont fait leurs armes sur cette increvable CB ?