A quoi ressemblerait une 500 2 temps de route aujourd'hui ? C'est la question qu'a posé l'organisateur de la Sunday Ride Classic à Yves Kerlo. Et voici la réponse dévoilée au salon Moto Légende qui ouvre ses portes ce vendredi 21 novembre au Parc floral.
"L'idée de départ était de combler l'absence de motos style GP 500 replica dans les gammes actuelles . La Ronax n'était pas encore arrivée quand nous avons débuté le projet il y a presque 5 ans maintenant " déclare Yves Kerlo."Jean Pierre Bonato souhaitait allier le côté excitant des motorisations 2 temps à la technologie actuelle des parties cycles. Il avait une idée très très précise du résultat final. Du coup, on a travaillé sur cette machine dans un esprit simple , si elle sortait d'un catalogue comment serait elle ? C'est pourquoi le look, l'ensemble de l'équipement street legal ( clignos, rétros etc ... ) ont été prévus et intégrés dès la réflexion de départ ."
Pour faire une moto compacte comme le sont les sportives actuelles, le choix du moteur Honda 400 NSR s'est imposé. De petite taille, court, délivrant une bonne puissance, il était plus facile à loger que le V4 de la 500 RDLC ou le 4 en carré de la RG Suzuki .
Le chassis choisi pour son look GP est celui d'une Aprilia RS 250 . Abritant d'ordinaire un V2, les dimensions du V3 devaient facilement y entrer. En fait, la RS 475 est une rétro-néo : mécanique ancienne dans un emballage nouveau... l'inverse de la tendance actuelle ! A partir de là tout se complique.
Plus puissant, moins lourd !
"Une fois que j’ai eu analysé le concept et réuni tous les composants, j'ai choisi Yves Kerlo pour concrétiser le projet. Je connais son habileté et son bagage technique venu de la course. Nous avons été Champions du Monde d'endurance ensembles avec Jean Louis Guignabodet en 95, et j'ai vu les projets qu'Yves a conçu quand j'étais chez Voxan . Il m'a juste fallu le convaincre de travailler sur une moto de route. Ce fut presque le plus dur car il partait à cette époque sur son projet de moto électrique. Celà explique les 5 années de gestation ! Mais dès le départ je savais exactement ce que je voulais et comment y arriver" précise le commanditaire .
Les choses sérieuses commencent . Il faut assembler les 2 morceaux : fabriquer un bati moteur, gagner de l'espace dans l'intérieur du cadre pour passer les gros carbus, aménager le passage du 3 ème échappement ( supérieur qui débouche sous la selle ) etc ...
Coté motorisation, la cylindrée initiale est de 387 cc, le NSR est doté d'un comportement souple et assez élastique mais il a toujours patit d'un manque de puissance par rapport aux " vraies " 500 .
Donc un passage en 475cc via un gros travail sur le haut moteur, de très gros carbus de 250 RS Honda ( et donc la nécessité de fabriquer une rampe de 3 carbus ....qui n'existe pas ! ), des clapets fibres très modernes (issus des motos de cross ), et un ensemble complet d'échappements dessinés par Terry Shepherd le pape du 2 temps Anglais ( malheureusement décédé et qui n'aura pas vu la machine finie ) . Tout ceci assorti d'un allumage programmable , et aussi d'un embrayage renforcé. La puissance au banc ressort à 88,19 cv à 9800 tours en silencieux racing au lieu de 72 ch catalogue à la norme de ..1984 pour la NSR d'origine .
Pendant que le moteur se constitue, Yves travaille sur le chassis. " La difficulté fut vraiment d'arriver à tout rentrer, la machine est ultra compacte comme une 500 de Grand prix. Notre expérience de la course nous a aidé à trouver des solutions . La moto devait dès le départ être utilisable, ce n'est pas un objet de salon ! " Il a fallu évider et re-caissonner le cadre, utiliser des culasses arrière pour les cylindres avants ( les prises de durits sont plus petites ) concevoir une boite à air sur mesure, fabriquer un bati arrière de cadre, insérer une batterie, etc ...
Avec les silencieux route , la RS développe environ 84 chevaux pour ...140 kg à sec. Un rapport poids puissance plutot sympa, presqu'équivalent à une 600 hypersportive, la légèreté globale en plus ! La répartition des poids est moderne elle aussi : 72 kg devant et 68 kg derrière
Plusieurs industriels impliqués dans le projet .
Le freinage vient de chez Beringer . Le fabricant Français a notamment conçu un système de freinage au pouce arrière comme Doohan l'avait sur sa 500 d'usine ! Nul doute qu'avec un poids réduit et une grosse puissance de freinage la RS 475 ne va pas etre difficile à stopper ! Détail , par exemple, le maitre cylindre arrière choisi pour la RS pèse 475 grammes !
Christophe Roussilhes de Ohlins France a également aidé à la conception d'un amortisseur arrière sur mesure " La contrainte du 2 temps est que le véhicule est plus léger que ce que nous travaillons aujourd'hui avec les 4 temps . Un challenge interessant pour notre atelier !"
Coté pneumatiques, AVON a également joué le jeu avec un ensemble de pneus à la gomme de développement.
Le sérieux du travail se voit à l'ensemble des détails : le graissage séparé est conservé, le passage de la béquille évidé dans le carénage, etc ...
Et une gueule !
Enfin, les différents ( et ils furent TRES nombreux ) points techniques résolus, venait la question esthétique . " Il ne fallait pas que la machine ressemble à ci ou ça comme une réplica . Il a donc fallu créer une ligne générale spécifique qui soit moderne et exclusive".
Multiples pièces en carbone, double optique très contemporain, prise d’air frontale inspiration MotoGP, feu arrière intégré, dimensions des clignos, la RS ressemble vraiment a un modèle de la production actuelle . Le coté tuning a soigneusement été évité.
Après plusieurs heures passées à modeler, remodeler, faire et défaire, voici le résultat ! On notera les différents clins d'oeil, le logo HRC détourné en SRC, la combinaison du logo Aprilia et de l'aile Honda pour réunir les 2 constructeurs sur la même signature !
La RS 475 va maintenant finaliser sa mise au point moteur et partie cycle, et elle sera visible lors de la Sunday Ride Classic en Avril 2015 au Paul Ricard ! Un baptème logique pour cette moto qui porte l'esprit et les couleurs de ce meeting classique !
En tout cas, LaMotoClassic est sur les rangs pour en prendre rapidement les commandes, et vous raconter comment ca se passe !!!
Pour suivre l'ensemble du processus de fabrication, le site Kerlo Classic en montre toutes les étapes !