Une Vincent White Shadow série C de 1951 a été vendue aux enchères à Las Vegas, au prix astronomique de 400 000 €, en ce mois de janvier 2016. Réflexions sur un mythe...
On prononce "Vineçeunte", c'est très important, sinon on passe pour un blaireau et là on va entrer dans le très grand monde...
La moto c’est comme le cinoche où il ya des acteurs et des films cultes, chez nous il ya des pilotes et des motos mythiques...
Tous et toutes inoubliables, chacun des aficionados de la moto a une anecdote vue, entendue parfois vécue à, propos de nos héros et de leurs motos d’anthologie.
La Vincent par exemple, dont un exemplaire White Shadow de 1951 vient d’être vendu près de 400 000 euro dans une « auction », une vente aux enchères à Las Vegas, plus déesse que cette marque tu peux pas...
Moi, je n’avais jamais vu ne serait-ce qu’une photo de Vincent quand je suis descendu par la route avec Marcel Seurat en Italie, ses pilotes roulaient l’enduro culte de San Pellegrino Terme, capitale mondiale de l’eau gazeuse et de l’enduro très haut de gamme en montagne... Marcel était un personnage phénoménal, un mec immense par la taille et par la légende, maître absolu de l’enduro avec ses marques Ossa, puis Husqvarna (époque Suède, les vraies Husky), l’homme qui a mis le pied à l’étrier à Stéphane Peterhansel et bien d’autres...
C’était dans les années 80, il ya une éternité... Marcel me raconte qu’il a commencé sa carrière sur goudron, et que sa moto inoubliable est la 1000 Vincent, il me parle aussi de la moto la plus rapide du monde, la Black Lightning (l’éclair noir) qui avait claqué plus de 240 km/h sur le lac salé de Bonneville en 1948, le pilote Rollie Free était en maillot de bain, en position limande avec juste un casque en carton bouilli...
Preuve selon lui que la Vincent rend fou... Il me disait qu’en compétition (ou pas d’ailleurs, c’était le même problème) il y avait une vraie procédure de démarrage moteur à respecter, que si tu ratais ton coup pour repartir tu prenais un tour de retard mais si tu réussissais, c’était le « holeshot » assuré... Tellement c’était compressé et puissant...
Alors, quand la maison Bonhams (celle qui organise les ventes les plus chères d’autos et de motos Classic ou Vintage), on est donc là dans du très haut de gamme, vend à Las Vegas, endroit (détestable...) .ultra prestigieux, une collection de Vincent, on imagine et on a raison que les dollars vont pleuvoir.
Au total, la vente a dépassé quatre millions de dollars, pour plusieurs motos bien sûr. .
Le record absolu des motos vendues aux enchères doit être de mémoire la Harley Pan-Heads pilotée par Peter Fonda dans « Easy Rider », film culte, musique culte (Born to be wild de Steppenwolf), partie à plus d’un million de dollars. Largement plus.
Mais c’est un modèle unique.
Les Vincent il ya en a eu plus, enfin, pas beaucoup plus...
La Vincent White Shadow Série C qui a touché les 400 000 euro est sublime, gagnée après paraît-il une bataille d’enfer entre deux acheteurs, l’un dans la salle du casino Bally à Vegas, l’autre au téléphone, a été construite en tout et pour tout à quinze exemplaires...
Elle est de 1951 et a été restaurée dans sa peinture d’origine dite Chinese Red (le rouge est une couleur sacrée chez les Chinois, celle du bonheur). Bon voilà, son acheteur anglais s’est allégé d’un billet de 400 000 (ce qui confirme le célèbre dicton « The difference between adults and children is the price of their toys... » alias « La différence entre les adultes et les enfants c’est le prix de leur jouets), mais il est loin d’avoir acheté la Vincent la plus chère !
La plus chère ? La Black Lightning dont me parlait Seurat dans son ID 19 break, « à donf » sur l’autoroute... Celle qui aux mains (nues) de Roland Free, a décroché le record de vitesse sur le Bonneville Salt Flats, 241,905 km/h en 1948.
Cette Vincent là vaut un million de dollars, mais comme la Harley de Peter Fonda, elle est unique et surtout, elle a permis de voir la photo la plus célèbre de toute la compétition moto !
Un mec pratiquement à poil à pratiquement 250 km/h sur le lac salé de Bonneville, à vrai dire, ça m’épate beaucoup plus que le million de dollars dépensé cinquante ans plus tard pour la mettre au musée...
On ne se refait pas... Et merci à Marcel Seurat pour mon initiation à la folie Vincent...