Cette semaine, j'ai essayé une Kawasaki ZX-10 Tomcat de 1988. Je vous explique pourquoi cette moto est importante.
Epoque bénie : celle où la vitesse était encore synonyme de progrès et d'évolution. Aujourd'hui, on l'accuse de tous les maux et, Kawasaki (tiens, encore eux, pas un hasard !) transgresse encore la morale conservatrice de notre époque engoncée dans la dictature verte, avec ses H2 compressée. Il n'y a pas si longtemps (trois décennies, un grain de sable dans l'horloge atomique), les motos évoluaient en permanence. Pour l'amateur de sensations, le quatuor de 1000 japonaises faisait figure de nec plus ultra ; la Tomcat s'illustrait d'ailleurs en étant la plus rapide de la bande, avec 268 chrono en version libre. Si Suzuki et Yamaha avaient des approches purement sportives (GSX-R 1100 et FZR 1000), Honda et Kawasaki pensaient que leurs motos étaient aussi utilisées sur la route (et, détail d'importance, la compétition se faisait alors avec les 750). Digne héritière de la 900 Ninja, la 1000 Tomcat est donc, comme son nom l'indique, un pur avion de chasse ! Le nom Tomcat, d'ailleurs, était une spécificité du marché français, à l'initiative de l'importateur...
Kawasaki ZX-10 Tomcat : sa vie, son œuvre
Dans une généalogie qui la coince entre la 1000 RX (qu'elle bonifie avec 12 ch de plus et 16 kilos de moins) et la 1100 ZZR (qui, elle, lui ajoute 13 ch), la Tomcat ne sera restée que deux ans au catalogue : 1988 et 1989. On ne note quasiment pas de différence technique entre une B1 (88) et une B2 (89), à part dans les coloris : rouge ou noir pour la B1, rouge ou bleu pour la B2.
Kawasaki ZX-10 Tomcat : trois choses qui m'ont fait kiffer
Une bonne grosse Kawasaki des années 80, en bon état, on ne trouve pas ça tous les jours ! Voici trois choses qui m'ont fait kiffer lors de cet essai de la ZX-10 :
- Une grosse Kawa, c'est d'abord un moteur ! Celui de la Tomcat ne déroge pas à la tradition : certes essayé en version bridée, mais toutefois aidé par l'accessoire typique de l'époque et qui lui faisait du bien (un 4 en 1 Devil), il respire encore fort, même aux standards d'aujourd'hui. Souple, coupleux, copieux, en un mot : sympa, très sympa.
- La qualité de construction et des équipements, ça ne rigolait pas. Entre le tableau de bord hyper complet, les crochets à bagage et la poignée passager rétractables, le petit coffre dans le flanc latéral de selle, la molette pour régler l'amortisseur, dans le cadre, la Tomcat est une vraie belle routière bien équipée.
- Sur la route, malgré ses plus de 30 ans, c'est un beau vaisseau amiral : bonne protection (on cruise à 160 sans s'en rendre compte), espace généreux à bord, selle correcte (qui compense des suspensions un rien fermes), stabilité au poil (faut un peu de bras, avec ses 222 kilos à sec, dans les petits coins), voici une moto avec laquelle on traverse encore la France d'une seule traite. Ah oui, les radars... A l'époque, on était encore assez tranquille avec ces trucs.
Une Kawasaki ZX-10 Tomcat aujourd'hui : combien, comment ?
Coup de chance : c'est cadeau et on en trouve encore un certain nombre sur le marché, car l'engin est solide et les gros kilométrages ne lui font pas peur (un forum suisse en a une aà280 000 km). En cas de mauvais usage, la troisième bielle peut lâcher et le tendeur de chaine d'alternateur est fragile, tout comme les supports moteur. Sinon, lâchez 500 € pour une épave, 1500 pour une machine dans son jus, 3000 pour un très bel exemplaire nickel et peu kilométré (mais c'est rare !).
Quelques chiffres clé :
- 4 cylindres en ligne, 4-temps, 997 cm3, 74 x 58 mm
- 4 carburateurs Keihin, 36 mm
- 100 ch à 8800 tr/mn (full : 137 ch à 10000 tr/mn)
- 92 Nm à 6800 tr/mn (full : 106 à 9000 tr/mn)
- 222 kilos à sec
- 240 km/h chrono (full : 268 km/h chrono)
Enfin, on précisera avec gourmandise que si ces machines continuent d'exister et de rouler, c'est aussi grâce au dynamisme et à l'engagement de clubs dédiés : si vous avez une Tomcat ou une 1000 RX, n'hésitez pas à vous rapprocher de www.club1000-tomcat-rx.com