Cette semaine, j'ai essayé une Ducati 748 SPS de 1999. Je vous explique pourquoi cette moto est importante.
Et si c'était la plus belle moto du monde ? Enfin, pas elle, directement. Mais au logo près, sa sœur jumelle : la Ducati 916, qui reste toujours sublime alors qu'une Yam YZF ou une Suz' GSX-R du milieu des années 90, boursouflées et peintes de violet et de fluo, c'est aussi kitsch que la coupe de cheveux de Véronique et Davina ! De fait, si la 916 est sublime, la 748 mérite l'oscar du second rôle. Au roulage, on constate que la petite n'a rien d'une moto au rabais, et que le feeling, la précision et les performances ont encore de belles histoires à nous raconter. Encore que : souvent, chez les Italiennes, si la pasta est bonne, c'est la sauce qui fait la différence. C'est pareil sur les motos : l'engin peut être sublimement bien conçu, c'est quand même la qualité des périphériques qui va lui donner le statut de bijou. Et en haut d'une 748 standard, et d'une 748 SP, cette version SPS est décidément de la haute couture !
Ducati 748 SPS : sa vie, son œuvre
Il y a deux générations de 748 : celle produite de 1995 à 1999, et une "phase II" produite de 2000 à fin 2003. Sur la phase II, les freins, le système électrique et la fourche sont différents, tout comme certains détails (la roue arrière à 5 bâtons au lieu de 3 - sauf la 748 E, une version "économique" - sic).
La SPS de notre essai fait partie de la première génération de 748. Au-dessus du modèle standard (existant en monoposto ou biposto), Ducati avait fait la SP (amortisseur arrière Showa, meilleurs freins avec disques en fonte et durit avia, levier de frein avant réglable, radiateur optimisé, pistons plus comprimés et distribution plus pointue). Une SP faisait 6 ch de plus qu'une standard. Produite seulement en 1998 et 1999, seulement en jaune et parfaitement identique sur ces deux millésimes, la SPS va encore plus loin : amortisseur arrière Öhlins, freins Brembo, bielles en titane. Voilà qui lui permet de s'illustrer en championnat du monde Supersport !
Ducati 748 SPS : trois choses qui m'ont fait kiffer
On le sait, c'est une moto racée. Au-delà des performances, c'est aussi une question de feeling. La 748 SPS n'a pas raté son rendez-vous avec l'essayeur, voici donc trois choses qui m'ont fait kiffer :
- Déjà, la finesse de l'engin : la 748 SPS est une athlète, racée, galbée, musclée, à une époque où les japonaises avaient de gros réservoirs carrés et des carénages super larges. Sur l'italienne, on s'incruste, on s'insère, on fait corps. Une fois installé, on ne peut qu'apprécier la précision des commandes, les leviers fins, l'amortisseur de direction. Tout ceci est très racing.
- 104 ch, pas loin de 200 kilos : dans l'absolu, sympa, mais bon. En réalité, c'est un moteur de course. Assez amorphe sous 6000 tr/mn, et qui donne tout de 7 à 10 avec une bonne volonté qui incite à l'émotion. Servi par une boîte de vitesses précise et une bande son géniale, c'est le pied !
- Côté châssis, il faut viser des courbes pas trop serrées et bien revêtues. Ensuite, le feeling que l'on a avec le train avant est encore très actuel. Bien menée, une 748 SPS en remontre a des motos nettement plus puissantes et plus modernes. Stabilité en grande courbe, précision, garde au sol, freinage encore correct, super bon feeling : on peut y aller !
Une Ducati 748 SPS aujourd'hui : combien, comment ?
Comme on l'a expliqué tout au long de cet article, toutes les 748 ne se valent pas et une vraie SPS, aujourd'hui, se paie le luxe d'être plus chère que la légende 916 elle-même ! Ainsi, une 748 SPS dans un état impeccable peut valoir de 11000 à 14000 €. Rien d'illogique, car si une 996 valait 101080 F en 1998, une 748 SPS était encore plus chère, à 110090 F. Pour comparaison, à cette époque, une GSX-R 750 ou une ZX-7R était à un poil plus de 60000 F, neuve.
Côté entretien, c'est une Ducati, et une précieuse : ne pas mégoter sur les vidanges et changements de courroies. Attention, le réglage des soupapes est plus fin sur une SPS, et les basculeurs peuvent s'user. On gardera aussi à l'esprit que les pièces mécaniques se trouvent encore, pas les pièces d'habillage...
Quelques chiffres clé :
- 2 cylindres en V, 4-temps, 748 cm3, 88 x 61,5 mm
- injection Weber
- 104 ch à 11000 tr/mn
- 80 Nm à 8500 tr/mn
- 194 kilos à sec
- 245 km/h chrono