Cette semaine, j'ai essayé une BSA B44 VS de 1970. Je vous explique pourquoi cette moto est importante
Dans le courant des années 60, et sous l'influence du marché américain et d'icônes comme Steve McQueen, la mode est au scrambler. Il faut savoir que toutes les motos japonaises, en général de petites cylindrées qui ne dépassent pas alors 400 cm3, et pour qui les USA sont une destination privilégiée, disposent de leur version scrambler, y compris de féroces 2-temps tels que la Kawasaki Avenger, par exemple. La Grande-Bretagne, pour qui les USA fait aussi figure de poule aux oeufs d'or, a tout intérêt à décliner ce type de machines. Triumph, BSA et autres s'y mettent. La "Birmingham Small Arms" offre donc aux motards un bicylindre, la A 65 Firebird Scrambler, mais cette petite B44 VS fait aussi l'affaire. VS pour "Victor Special" : ces initiales renvoient en fait à Jeffrey Smith, qui a remporté des titres en motocross en 1964 et 1965, mais dont le surnom est "Whizzo", qui devient "Victor", et notre machine d'essai, qui lui rend hommage, est ainsi une "Victor Special". Curieux, non ? En tous cas, quel bel emballage pour la base des B 44 monocylindres... La BSA B 44 VS est alors une moto cool : la preuve, Michael Lang, producteur de Woodstock, se balade à son guidon lors du festival éponyme, en 1969, Lang qui fut aussi le producteur du sulfureux concert des Stones à Altamont en décembre 1969... En quelque sorte, la BSA B44 VS, c'est la 500 XT d'avant la XT !
BSA 44 VS : sa vie, son oeuvre
Née en 1965, la BSA B44 a d'abord été une moto de cross (avec un cadre faisant office de réservoir d'huile, une solution qui ne sera pas retenue sur les B44 de route). Ensuite une version plus routière a été produite de 1966 à 1970, sous différentes formes : un enduro (B44 VE) et un roadster (B44 R), celle-ci devenant B44 SS (pour Shooting Star) en 1968. La VS a été au catalogue de 1968 à 1970 dans ce seul coloris jaune et argent. Ensuite, BSA la fera évoluer en B50 (499 cm3) en 1971 et 1972. Le fabricant de motos de cross anglais CCM continuera d'utiliser ces mécaniques jusqu'en 1979. Le mono BSA a servi a tout : machine du quotidien, moto des forces de police, engin de dirt track, de cross ou d'enduro, de trial aussi, elle a même remporté les 24 Heures de Barcelone en catégorie 500 en 1971 et 1974, avec des B 44 puis B 50 !
BSA 44 VS : trois choses qui m'ont fait kiffer
Plus simple, tu meurs : un mono, un démarrage au kick, une boîte de vitesse à droite (4 rapports), deux freins à tambour, roule ma poule. Mais la somme des ingrédients (basiques) n'en est pas moins gouteuse. Et voici pourquoi, en trois raisons :
- Déjà, les proportions : c'est une petite moto, facile, simple, aux dimensions raisonnables, car pesant moins de 140 kilos, avec un petit réservoir de 8 litres d'essence. En gros, elle est accessible à tous... si on aime le constraste jaune / alu, seule livrée disponible.
- Bien réglée (mon exemplaire d'essai vient de chez Legend Motorcycles, près de Tours, et les machines tournent au poil), la BSA se laisse démarrer assez facilement, n'est pas capricieuse, tient le ralenti, roule sans hocqueter. Un régal, et on découvre alors que le petit mono de 28 chevaux a plus de vivacité et de caractère qu'un bloc de puissance équivalente (un Royal Enfield Bullet 500, par exemple). Bref, voici un moteur que l'on savoure encore avec grand plaisir sur les petites routes.
- Le châssis est assez neutre. Evidemment, on voit l'âge de la conception, notamment en termes de qualité des suspensions. Le freinage n'est pas top non plus, mais en même temps, vu ce que ça pèse et la vitesse à laquelle ça roule, on s'en sort, à condition d'enrouler et d'anticiper. Car il reste le charme de sentir cette machine vivre, d'entendre les ronflements et l'aspiration profonde de son mono...
Une BSA B 44 VS aujourd'hui : combien, comment ?
Les B 44 ont souvent eu une vie agitée, et il faudra en trouver une belle, ce qui n'est pas facile. Autre mauvaise nouvelle : la rareté fait monter la cote. Il y a dix ans, ça valait 2000 £ en Grande-Bretagne. Aujourd'hui, il ne faut pas espérer en trouver une propre à moins de 10 000 €. Ce n'est pas si caractériel que cela, si elle est correctement réglée et dans une configuration d'origine (mettre un piston haute compression ou préprarer le moteur est le meilleur moyen de le prendre dans la tronche) ; de même, le pignon de troisième est assez fragile avec le temps. Par contre, on trouve encore toutes les pièces et des améliorations réversibles (genre allumage électronique) sont possibles. Enfin, en bonne anglaise qui a des soucis de filtrage d'huile, des vidanges régulières sont nécessaires...
Quelques chiffres clé :
- monocylindre, 4-temps, 441 cm3, 79 x 90 mm
- 1 carburateur Amal, 30 mm
- 28 ch à 6000 tr/mn
- Couple : NC
- 139 kilos à sec
- 130 km/h chrono