Cette semaine, j'ai essayé une BMW R 100 RT de 1979. Je vous explique pourquoi cette moto est importante.
On l'identifie spontanément à une moto de flic et, de fait, la BMW R 100 RT suscite une certaine réserve. Et pourtant, ce flat-twin allemand, archétype et initiatrice de la grande routière confortable, homogène et efficace, mérite bien un second regard.
BMW R 100 RT, sa vie, son oeuvre
Chez BMW, on n'a pas de complexes : à son arrivée sur le marché, en 1979 (techniquement parlant, elle s'inscrit dans la famille des BMW Série 7, lancée en 1977), la R 100 RT est plus chère (et moins puissante, évidemment) que le fleuron japonais de l'époque : comptez 27000 F contre 24120 F demandés pour une Yamaha 1100 XS ou même 22250 F pour une Honda GL 1000 GoldWing. A l'époque, la technologie de l'engin n'a rien de faramineux. BMW maîtrise le flat-twin depuis belle lurette, mais livre une machine aussi simple qu'éprouvée. BMW commence tout juste à appliquer aux motos le fruit de ses travaux en soufflerie. Après les R 90 S et R 100 RS, la R 100 RT va plus loin et offre le premier grand carénage intégral de série. La RT est aussi une machine incroyablement homogène : moins puissante que ses rivales, mais aussi moins lourde, elle garantit un confort et une facilité de conduite en toutes circonstances. Elle aura une longue carrière, jusqu'en 1995, avec une grosse évolution en 1987 (en adoptant la suspension arrière Monolever). Une version R 80 RT a aussi existé, à partir de 1982. Avec tant de qualités, doublées d'une fiabilité exceptionnelle, pas étonnant qu'elle ait équipé les forces de l'ordre de nombreux pays : de l'Australie au Royaume-Uni, du Portugal au Malawi, des Emirats Arabes aux Pays-Bas, sans oublier la France, on n'a pas trouvé mieux comme distributeur de prunes !
BMW R 100 RT : trois choses qui m'ont fait kiffer
En dépit de son allure austère, voire un rien martiale, rouler en BMW R 100 RT reste un moment agréable. Voici pourquoi :
- La protection est impeccable : la bulle est une véritable pelle à tarte qui vous protège du vent et des intempéries. Revers de la médaille, l'été, on cuit quand même un peu quand on a le soleil de face...
- Le moteur, l'air de rien, est vraiment sympa : il a du caractère, il est rond, il sonne grave, il a des bonnes reprises (surtout dans les premières versions de 70 ch, celles de 60 ch, après 1987, ont un peu moins de brio).
- La tenue de route n'a rien de tranchant, mais elle est sûre. A condition de savoir enrouler avec une certaine souplesse de pilotage, on peut tartiner assez vite sur petite route au guidon de cette BMW, et sans forcer.
Une BMW R 100 RT aujourd'hui : combien, comment ?
Elle a été produite à plus de 57 000 exemplaires tout au long de sa carrière : elle n'est donc pas rare, mais le problème, c'est que comme elle est solide, de nombreux propriétaires se sont dispensés du minimum d'entretien. Et on ne parle même pas de ceux qui ont sorti la scie sauteuse et les rouleaux de bande thermique pour aller aux Wheels & Waves. Sur un modèle fortement kilométré, on verifiera l'état de la boîte et de la transmission, ainsi que les sièges de soupapes et les bons réglages du carburateur Bing (dont la membrane peut percer avec le temps). Comptez ainsi moins de 3000 € pour une moto dans son jus, un peu plus de 6000 € pour un très bel exemplaire... qui pourra encore faire de nombreux kilomètres...
Quelques chiffres clé :
- 2 cylindres à plat, 980 cm3, 94 x 70,6 mm
- 2 carburateurs Bing, 40 mm
- 70 ch à 7250 tr/mn
- 77 Nm à 5500 tr/mn
- 234 kilos avec les pleins
- 190 km/h