Alain Chevallier est le premier à avoir développé tout ce qui fait une moto de course moderne, mais à 68 ans, le 3 octobre 2016, le cancer a eu raison de son enthousiasme, de son sourire, de son génie mais pas de sa légende.
Pionnier et génie de la mécanique
Constructeur de motos de GP, dans les années 70 et 80, il a officié en 250, en 350, en 500, les châssis portaient son nom, il est d’abord étudiant en médecine mais s’intéresse déjà à la mécanique et se lance dans la préparation puis la construction pour aider son frère Olivier, pilote de GP.
Moto Revue l’avait interviewé en 2015…. « Quand j’ai commencé à travailler dans ce milieu dans les années 70, personne ne faisait rien sur les motos, les suspensions n’avaient pas de réglages, on se contentait de changer les gicleurs et le braquet… J’ai tout de suite compris qu’il y avait des choses à inventer. »
Son frère Olivier se tue au Ricard en 1980.
J’ai revu Alain à Montlhéry cette année 2016 lors du record de Moto Journal en mob sur 24 heures, il m’avait alors confirmé ce que raconte Bernard Fau dans son film « Il était une fois le Continental Circus ». Après l’accident d’Olivier, l’épave de la moto é été ramenée à l’atelier à Vendôme et durant des mois, Alain n’a pas voulu l’en sortir, de peur de découvrir que l’accident avait pour cause une erreur de préparation…
En GP, il a amené les premiers freins en carbone, les premières acquisitions de données, le premier bras oscillant en titane ou encore les premières entrées d’air dynamiques.
Après la mort de son frère, Alain a eu le courage de continuer, ses amis proches me disaient que c’était aussi sa seule façon de rester debout. C’est une Chevallier que pilote De Radiguès au GP 350 qu’il gagne en Tchécoslovaquie, il terminera l’année 1982 vice champion du monde. Son coéquipier Eric Saul a aussi gagné, en Autriche, sur une Chevallier, et a fini quatrième du championnat.
L’année suivante, en deux et demi comme on disait à l’époque, Chevallier place trois motos dans le Top 10 avec Espié, Baldé, De Radiguès.
En 1984, il passe à la 500, sur une base Honda, que De Radiguès amènera en neuvième position au général, Randy Mamola roulera aussi sur cette moto.
Plus tard, il deviendra directeur technique de cette très belle aventure qu’a été Voxan. Il a aussi travaillé sur des protos du Paris Dakar, sur des scooters pour Peugeot, bref il est un génie reconnu dans tous les domaines.
Voilà, l’histoire se termine, un géant, peut-être LE géant français de la moto a donc disparu.
Il a beaucoup évolué dans le Continental Circus, les GP des années 80, ce mot « circus » me fait penser à la loi des circassiens… « Show must go on »…