A la fin des années 70, un championnat va en quelques années laisser une trace visuelle et sportive dans l'esprit de tous . Motos en glisse, en roues arrières, pilotes en devenir, le Superbike US devient vite une légende .
Des motos de séries en vedette.
Pressentant la fin de la Formule 750 ( l'hégémonie de la TZ 750 Yamaha créée spécialement pour dominer le championnat avait fini par user les concurrents ) l'AMA crée une nouvelle formule en 76.
La règlementation était simpliste : une moto de série dont la cylindrée maximum était de 1000 cc et avec une limitation à 4 cylindres. La course inaugurale de la catégorie prit place à Daytona.
Peu prisée par les constructeurs Japonais, cette première épreuve fut remportée par une BMW, devant une autre BMW et enfin une Ducati complétait le podium . Des twins, atteignant juste les 900 cc ! La première 4 cylindres était une Kawasaki à la 4ème place
1. Steve McLaughlin, BMW
2. Reg Pridmore, BMW
3. Cook Neilson, Ducati
4. Wes Cooley, Kawasaki
5. Mike Baldwin, Moto-Guzzi
Vous pouvez voir les photos de la course inaugurale y compris le sprint d'arrivée et les superbes " protos" engagés dans le diaporama ....BMW remportera meme le championnat cette année là avec Reg Pridmore qui fut le premier Champion de la catégorie .
Année après année ce championnat dédiée aux gros cubes en vogue sur le marché va prendre une telle ampleur qu'il détrone toutes les autres catégories et que les teams vont bientot représenter les usines. .
Préparées ou d'usine ?
La recette est assez simple : une moto de série, boostée !
On garde le look d'origine avec le grand guidon, on met des renforts de bras oscillants, des gros freins avants, un 4 en 1 ultra sonore et une rampe de carbus avec cornets gros comme ça ! C'est une caricature un peu rapide, mais c'est à celà que ça ressemble !
Enfin, des plaques à numéros énormes et carrés finissent la gueule incomparable de ces engins !
Si les premières années des préparateurs vont se pencher sur le berceau des 4 cylindres Japonais, peu à peu ce sont les usines elles meme qui vont se mettre à l'ouvrage tant l'enjeu est devenu important .
Chez Kawasaki, les premières Z 1000 sont l'oeuvre de Yoshimura puis de Vetter et Racecrafters . Mais quand Lawson est recruté, c'est bien une moto plus soutenue par l'usine qui arrive . C'est Rob Muzzy pour le team officiel qui fait la moto de Lawson pour 1981. La moto d'Eddie développe 149 ch au vilebrequin contre 79 à la version de route ! Rob Muzzy déclarait d'ailleurs " Ces motos sont comme des machines de dirt sur le goudron, elles ont tant de puissance qu'il faut vraiment des muscles pour les tenir en glisse"
Ainsi, le team Américan Honda par exemple débarque en 80 avec 4 motos ......et le tout jeune Freddie Spencer ( 19 ans ) ! La CB 750 F est boostée mais dramatiquement fragile la première année : Fast Freddie en garde un " grand" souvenir : "Le moteur explosait littéralement, les bielles cassaient......des chevaux il y en avait mais de la fiabilité pas encore !" De 77 ch d'origine, la 750 ( portée à 1024 conformément au règlement ) va grimper jusqu'à 147 cv ! Bielles titane, allumage déporté pour gagner en largeur. La moto a gardé la déco type Bol d'Or d'origine et les roues sont dorées. Cette version de la première année est facile à reconnaitre.
C'est surtout la deuxième génération qui frappe : Honda s'investit vraiment: un cadre reprenant le dessin d'origine ( règlement oblige ) est construit en chrome molybdène plus léger et rigide. L'angle de chasse est modifié, la roue avant est une 16 pouces, les disques de frein sont énormes, le bras oscillant en alu est solidement triangulé, les roues sont noires . Le moteur intégralement peint en noir. Un monstre qui va faire 1, 2 et 3 sur le podium de 82 ( voir la pub d'époque ci dessous ) ! Paradoxalement cette arme ne gagnera jamais le Championnat .
Des numeros demeurés célèbres !
L'intéret mécanique du championnat est réel, les bagarres sont sublimes, les motos brutales et puissantes.
Mieux encore, il sera le réservoir de pilotes que les Japonais emmèneront en Grand Prix pour leurs 500 d'usine : Spencer, Lawson, Rainey.........c'est dire si la série est relevée. Car c'est bien la liberté mécanique qui permet de réaliser de vraies machines de course surpuissantes qui va favoriser l'éclosion de ces talents !
Regardez les photos, leurs numéros vont vous aider à les repérer au travers des différentes saisons
21 Eddie Lawson officiel Kawasaki
19 Freddie Spencer sur la Honda, mais aussi avec le n°8 sur une Kawasaki l'année 79 ( photo de départ )
34 Wes Cooley sur Kawasaki puis sur la génialissime GS 1000 S ( essayée par La Moto Classic début Septembre ) , ensuite quand il intègrera le team Suzuki US officiel ,c'est Kevin Schwantz qui récupèrera le 34
60 qui a reconnu Wayne Rainey, Champion 83 sur une Kawa puis en 87 sur une ...VFR Honda ?
43 Mike Baldwin que l'on verra aussi en GP
88 Roberto Pietri
163 Reg Pridmore qui sera le premier titré sur la BM et qui gagnera encore 2 fois avec la Kawasaki Vetter. Il garde le numéro depuis la première course à Daytona sur la BM
83 Steve Mc Laughlin
40 Dave Aldana
Cette numérotation fixe va permettre de personnaliser les affrontements.
Ainsi le 19 restera à jamais attaché au nom de Fast Freddie Spencer, et le 34 est collé à Wes Cooley !
Mais dans tous les cas, le nombre de pilotes qui feront le passage de la tête du Superbike US à la tête des GP 500 est assez remarquable . Pour les Européens qui décuvraient leur style en glissade,c'est une surprise. Pour eux, c'est la seule manière de maitriser des motos violentes et puissantes. En outre, si les Européens découvrent ces " petits jeunes" ils n'en sont pas à leur début, mais en plus, ils se connaissent et bataillent chaque week end depuis plusieurs saisons ! Spencer-Lawson ou encore Rainey-Schwantz en GP 500 ne sont que l'épisode 2 de leurs confrontations.
Le dernier à arriver en GP sera Kevin Schwantz ( cherchez la GSX n ° 289 photo en noir et blanc puis numéro 34 quand il devient pilote officiel Suzuki)
Fred Merkel fera lui le chemin vers le Championnat du Monde Superbike à la demande de Honda .
Les premières réplicas !
Conscients de l'impact majeur du championnat, les constructeurs vont proposer des versions civiles de leurs machines officielles.Une bonne approche marketing qui fait vivre l'aura des succès de la compétition sur un marché très sensible aux performances brutes à cette époque .
La Suzuki GS 1000 S ( essayée dans la Moto Classic début Septembre ) ou encore la Kawasaki Eddie Lawson Replica seront les premières véritables réplicas en série issues de la compétition !
Look ravageur, image de la sportivité, elles ont vraiment l'air de......et le montrent via des couleurs et des attributs proches des versions de course !
Des grands guidons aux bracelets .....
Le championnat suit l'évolution du marché.
Débuté avec des 1000 cc aux grands guidons, il va ensuite basculer vers les 750, puis migrer vers des machines plus ordinaires pour la course
Des motos nues aux grands guidons et aux moteurs apparents, il va ensuite voir arriver les premiers tetes de fourche puis des semi carénages avec l'époque des 750 ( Honda VFF Interceptor, Kawasaki ZX, Suzuki GSX) . Les grands guidons, les pilotes ultra déhanchés restent vraiment l'imagerie exceptionnelle et typique de ce Championnat . Regardez les photos ce sont certainement les plus marquantes
Le coup de grace ou la fin de cette époque dorée prendra forme vers le milieu des années 85 avec l'arrivée des hypersportives comme la GSXR 750 que Schwantz dompte ci dessous.Lawson fera une apparition à Daytona au guidon d'une FZ 750. Puis ce sera la Honda RC 30 qui dominera. La standardisation des silhouettes fait perdre toute originalité.
Le championnat perd de son coté photogénique et il "rentre dans le rang", il n'a plus ce charme spécial et unique. Les bracelets, les carénages intégraux n'ont guère de sex appeal , en tout cas, on connait déjà ces allures là . Plus rien ne distingue une Superbike d'une machine d'endurance ou d'une moto de GP : un carénage + des bracelets. Bof !
Photogéniques et surpuissantes
Déhanchés incroyables derrière les grands guidons, glisses à l'accélération, wheelings, bruit.....la recette du show Superbike est tellement simple qu'elle est oubliée !
Aujourd'hui la technologie, les carénages ultra fermés font oublier que l'essence du spectacle tient à cette saveur incomparable : la sensation de puissance.