Dans les années 80, Honda, premier constructeur mondial fait feu de tout bois. Les nouvelles technologies (suspension Pro Link, freins In Board, motorisations en V , etc …) mais aussi les nouveaux concepts affluent ! Née à cette prolifique période, la Pacific Coast est déjà devenue une classique, mieux, c'est un cas d'école !
Après avoir lancé avec grand succès la Transalp, Honda est dans une réflexion « civique » sur les motos et le concept Motomobile débarque. Avec un nom issu d’une route californienne célèbre (la Pacific Coast Highway) Honda présente une machine bien trop en avance sur les esprits du marché Européen en 1988 : la PC 800.
La moto est une solution pour les cités encombrées, il est temps de produire des motos « clean » loin de l’image ultra sportive, agressive traditionnelle.
Travaillant toujours sur son concept de "motomobile" initié par la Spazio 250 (premier scooter à position « feet first ), sort un modèle surprenant à l’inédite carrosserie intégrale : la Honda Pacific Coast 800. Une machine qui ne sera pas du tout comprise à son époque malgré toutes les qualités de son concept révolutionnaire devant amener des nouveaux clients. La seule chose qu’Honda n’a pas prévu, c’est que le client qui a déjà le permis ne veut pas encore une moto « clean » et que l’automobiliste ne se projette pas encore sur un deux roues pour se faufiler dans les embouteillages. Dernier point, un 800 recquiert de passer le permis... La PC 800 vise juste …20 ans trop tôt ! Mais n’anticipons pas !
La Pacific Coast a été pour Honda, un fiasco commercial aux USA et en Europe.
En 9 ans (entre 1989 et 1998) environ 15 000 Pacific Coast ont été vendues par le monde avec des modèles USA, France, Italie, Japon … Les USA ont absorbé et produit (site de la chaîne de montage) 80% des PC 800.
Des importateurs d’autres pays n'avaient même pas passé commande.
La moto en costard !
En developpant la PC 800, Honda cherche à conjuguer les avantages d'une automobile au plaisir d'une moto. Esthétique non excessive, image respectable du motard, propreté générale permettant de se déplacer en mocassins et costard de travail, et entretien réduit (on trouve un cardan de transmission par exemple).
Autres objectifs à atteindre ; transporter aisément ses affaires sans « rajouter » un accessoire et, enfin, une facilité de prise en mains maximale.
La PC 800 apparaît alors comme une sorte d’ovni, dont rien ne dépasse de la carrosserie. Pas de freins, pas de moteur, à peine des roues ... Une machine entièrement carénée pour que le pilote ne se salisse pas (au contact de pièces grasses, par exemple). Une moto en plastique diront certains, un scooter diront les autres, un Tupperware rigoleront les plus virulents !
La selle basse affirme l’orientation urbaine avec une moto très accessible à tous, sa position relax et sa mécanique hyper souple. Le châssis est prévu pour « creuser » la ligne et mettre le pilote au plus bas possible. Le réservoir d’essence est sous la selle pour abaisser le centre de gravité et, de fait, la 800 se manie du bout des doigts, bien aidée par des roues de dimensions réduites : 16 et 17 pouces !). Enfin, le chargement « bas » des bagages renforce encore la position abaissée du centre de gravité. La selle est moëlleuse et le passager dispose de larges poignées de maintien, ainsi que de marchepieds bien agréables !
Mais, surtout, la caractéristique exceptionnelle (et toujours totalement unique) de la Pacific Coast est cet énorme coffre arrière avec une moto qui s’ouvre littéralement en 2 ! Passants ébahis, serveuse du Mac Drive bouche bée, l’ouverture de l’arrière dévoile un double compartiment incroyablement pratique ! Quelle magnifique idée et quelle réussite !
Vous arrivez devant la banque, vous rangez votre veste, votre casque, et vous sortez votre valise de travail et votre blazer même pas froissé pour rentrer en rendez-vous ni vu ni connu ! Incroyable.
Pour donner naissance à son étonnant concept global, la Pacific Coast est developpée sur la base de la 650 NTV (qui servira aussi plus tard à la Honda Deauville). Le moteur, bicylindre en V avec 3 soupapes par cylindre (6 soupapes en tout), est porté à 800cc. Un cardan vous délivre de tout entretien, tout est sous « cache » et l’inspiration auto est bien présente.
Prévu pour faciliter la vie, le V2 est ultra disponible, sa puissance modeste, car il privilégie la souplesse et la disponibilité dès les plus bas régimes. Il est en outre très silencieux. D’ailleurs, il faut chercher un moment pour déceler la présence de l’échappement. Sorte d’opposition totale à ce qu’était la moto dans les années 80 !
En ville, la largeur des rétros gêne entre les voitures. Ils ne sont pas rabattables et intègrent les clignoteurs. Facturés chers (et encore disponibles), ils sont les proies faciles de contacts quand on se faufile entre les files arrêtées, méfiance. Avantage de cette taille, ils sont de formidables déflecteurs contre le vent et la pluie.
Urbaine, mais ......
Le comportement de la PC est royal dans les années où elle est produite : comme souvent avec les ensembles Nissin, le freinage est efficace à allure urbaine (même si l’arrière est encore équipé d’un tambour !) la partie cycle est stable. La direction est neutre et rend la moto facile, même à basse vitesse.
Aujourd’hui, le freinage est tangent, la boîte lente, le châssis mal amorti mais, qu’importe, cette moto est toujours totalement unique, et son homogéneité reste totale si on l’utilise à un rythme approprié. Non, elle ne se traîne pas, et atteint 190 km/h compteur, mais les composants ne sont plus aussi top niveau, c’est normal !
Utilisez-là avec le mode d’emploi qui va bien (décomposez le passage des vitesses par exemple), et rien ne lui arrive à la cheville ! Etonnant !
Le coffre est un atout indéniable. A tel point qu’il donne à la PC 800 ses lettres de petite GT !
Car, si vous pouvez loger un attaché-case la semaine, vous pouvez abriter vos bagages pour voyager avec autant de simplicité et à l’abri des intempéries, la carrosserie protégeant à merveille les occupants (les rétros faisant par exemple d’admirables déflecteurs).
Le 800 cc peut emmener son équipage loin sans encombre. Vaillant, le moteur est volontaire, mais il remplit parfaitement son usage grace à un couple régulierement réparti . Les 60 chevaux sont sensibles à la charge bagages + passager, mais la PC affronte les kilomètres avec facilité. Ce moteur V2 aux manetons décalés, est une invention Honda bien spécifique : son principe réside dans un calcul mathématique permettant de réduire l'encombrement du "V" tout en réglant le problème d'équilibre que soumet un angle réduit (vibrations) avec des manetons décalés sur le vilebrequin. Il grimpe facilement à l’assaut de la zone rouge ou enroule à mi-régime sans faiblesses !
Ce qui va limiter l’usage tourisme de la PC 800 c’est…son autonomie ! Un petit réservoir de 16 L et une consommation de 8 L vous forcent à stopper fréquemment, surtout avec le stress d’une jauge imprécise. Dommage car la protection, la sérénité de conduite peuvent vous laisser imaginer aller au bout du monde ! Mais pour Honda, le bout du monde promis à la PC 800 était juste la banlieue d’à côté !
Honda cessa sa commercialisation en France en 1993, même si elle fut produite jusqu'en 1998 et commercialisée, notamment aux Etats-Unis.
Lien:
Franchement, à l’essai, on comprend facilement pourquoi ceux qui en ont une ne veulent pas la lâcher. Mais on se dit aussi qu’avec sa stratégie de plateforme de bi-cylindres 700 actuels, sa boîte DCT et un châssis aux composants actualisés en freinage et suspensions, Honda aurait tout à gagner à ressortir une PC 800 moderne ! Une vraie moto à la polyvalence certaine, sorte de mini GT aux possibilités urbaines bien agréables au quotidien ! Il n’y a aujourd’hui aucune moto de ce type sur le marché ! Elle avait parfaitement raison la Pacific, mais trop tôt ! Quel dommage !
- Aspects pratiques
- Homogénéité
- Maniabilité
- Fiabilité mécanique proche de l'indestructible
- Autonomie
- Suspensions avec hydraulique d'époque
- Absence de montre
- Impossible à trouver avec de petits kilométrages
- Coffre intégral