A l'origine était la Continental GT 250. Née en 1965 dans les usines anglaises de Royal Enfield, elle reste un symbole de performance et de style. Voici venir sa relève : la Continental GT 535. Coloris rouge unique, monocylindre culbuté, architecture simple et double cadre en berceau, elle adopte également pour l'occasion une selle monoplace très réussie. Un look plaisant, qui se marie à la perfection avec une construction sobre à la finition... perfectible. On s'éloigne des standards actuels !
Moderne, mais pas trop...
Il n'est pas question de feux de détresse ni d'instrumentation moderne : le compteur (gradué jusqu'à 160 km/h) comme le compte-tours (zone rouge à 6000 tr/min) sont analogiques, et seule une petite lucarne digitale affiche un odomètre, deux trips journaliers et... une jauge à essence de type barre graph. Assez précise, elle clignote une fois en réserve. Pas mal !
Basse de selle, avec 800 mm au garrot, sa forme facilite le poser des pieds au sol, tandis que la position de conduite est agréable. Même si les pieds sont un peu reculés, il sont surtout haut placés sur des repose pieds racing, ménageant une bonne garde au sol pour une "ancienne". Les demi bracelets hauts redressent quant à eux le dos sans tendre les bras, proposant une position confortable et typée roadster. Les commodos sont modernes, même s'il faut encore allumer manuellement les feux. Le système de freinage signé Brembo pince un disque de 300 mm à la fois performant et impressionnant. A l'arrière, la puissance est également au rendez vous, tout comme le disque.
Un bel agrément
Côté moteur, la Continental GT conserve son kick côté droit et adopte un très utile démarreur électrique. On après l'avoir faite "craquer" l'un des gros points forts de cette moto : sa sonorité rauque et pétaradante. Le monocylindre à alimentation par injection affiche certes une puissance modeste de 21,4 kW au regard des 184 kilos annoncés, mais les chiffres ne reflètent en rien sa santé réelle, et surtout ne parlent pas des impressions à bord, toutes deux excellentes. Vivant, expressif même si linéaire, vibrant plus encore qu'on ne peut l'imaginer, il distille son charme et fait remonter le moindre coup de piston dans les guidons. Un délice pour initiés et amateurs du genre.
La boîte cinq vitesses est agréable et, si l'on arrive rapidement en zone rouge sur les 4 principaux rapports, la 5ème et une sur-multipliée tirant long, très long. De quoi aller chercher tout doucement les 150 km/h sans brutaliser le moteur. Ce que l'on oubliera bien vite cependant pour préserver la mécanique. C'est une ancienne, faut-il le rappeler ? On profite "à fond" de tout ce qu'il se passe, d'autant plus que tout reste sous contrôle.
Confort et sérénité
Si l'accord des suspensions est discutable (avant souple et arrière ferme), la Continental GT fixe son rythme en fonction de revêtements et son excellent niveau de confort est élevé. Reste à ne pas brusquer ce petit monde. Le côté classique sait vite ressortir ! En ville, le rayon de braquage est excellent et dès 30 km/h, on apprécie la stabilité générale et la simplicité de la Continental GT, oubliant vite sa direction un peu lourde.
Davantage moto ancienne modernisée que moto moderne rétroïsée, la Continental GT perpétue une manière de rouler. Légitime, elle se montre agréable à conduire et à emmener plus allègrement. Très attachante (comprendre par là que ses défauts sont largement compensés par ses qualités et le plaisir pris), la Continental GT 535 offre une nouvelle façon de prendre la route, décontractée et stylée à la fois, le tout avec un excellent niveau de confort et sans aucun complexe. Peu puissante, certes, elle défend un esprit, une façon d'être, de rouler et de vivre.